Les yeux sont les fenêtres du cœur
De nos 5 sens, la vue est celui qui nous fournit le plus d’informations. Dans l’aphorisme ichi gan, ni soku, san tan, shi riki c’est l’élément qui apparaît en tête. Observer les mouvements d’aite, posséder le regard intérieur qui pénètre les émotions et leurs évolutions, ne sont pas des qualités qu’on acquiert facilement pour enlever la victoire. On pourra également en juger l’importance en se souvenant que toutes les écoles de sabre ont utilisée le terme METSUKE dans la transmission orale de leur enseignement. Dans le paragraphe intitulé « Du regard en stratégie » du chapitre Eau du Gorin no shô, MIYAMOTO Musashi qui a livré plus de 60 duels avec succès écrit:
il faut ouvrir et écarquiller les yeux et regarder; à savoir, d’abord percevoir avec acuité le fond des choses, puis en même temps voir les mouvements perceptibles en surface. Il ajoute: il est absolument primordial d’appréhender concrètement ce qui se passe au loin, comme ce qui se déroule à sa portée, en procédant de la stratégie.
Si l’on se réfère à la transmission orale de l’école Ittô, on y retrouve exposées des expressions de même sens: les deux regards, les yeux qui regardent et ceux quoi voient, le regard du chasseur poursuivant le chevreuil, le regard du cœur, évaluer du regard, le regard sur les montagnes, etc.
Dans ce même esprit, le moine zen TAKUAN expose dans son ouvrage Fudochishinmyôroku:
Si face à un arbre on n’en regarde que la seule feuille rouge qu’il porte, non ne voit plus les autres. par contre, si, sans se focaliser sur celle-ci on considère cet arbre dans son entier, on en perçoit toutes les feuilles. Si notre esprit est accaparé par une seule feuille, on ne peut voir les autres. Si notre esprit ne se fixe nulle part, on peut d’un regard visualiser toutes les feuilles.
C’est ce que Musashi nomme le regard sur l’horizon des montagnes. Ces deux enseignements témoignent de la relation extrêmement étroite entre l’esprit-cœur (kokoro) et le regard.
Ainsi comment cela est également consigné dans un certain nombre de transmissions écrites, si l’on fixe avec insistance les yeux de aite, on fait en sorte de percevoir l’ensemble des monts lointains en arrière-plan, développant le regard inquisiteur par lequel on découvrira le point faible de l’adversaire; et, sans vouloir paraphraser SHIMADA Tora no Suke, celui qui veut apprendre l’escrime au sabre doit d’abord montrer une âme simple et directe.
Jadis on employait l’expression gankô shutei, c’est-à-dire: se fixer le plus haut but possible, et en commencer l’approche du plus humble niveau possible.
traduction: G.Bresset (oct. 09)
amicordialement