Montre-moi ton kendo… je te dirais qui tu es…
Avec beaucoup d’années de pratique et une bonne dose de psychologie, nous pouvons, aisément, à l’occasion des échanges, connaître le caractère ou tout au moins les grands traits, de celui qui est « en face ». Cela est surtout valable pour les kyusha.
Qui devinons-nous à la pointe de notre shinaï ?
Je cite dans le désordre : Un doux, un qui veut bien faire, un qui est entré là par hasard, un qui aime les coups tordus, un orgueilleux, un qui n’en fait qu’à sa tête, un qui sera doué, un qui a peur… pour n’en citer que quelques uns.
Nous avons été un de ceux-là !
En fait, le débutant (jusqu’à un an de kendo minimum) ne peut masquer sa nature profonde, sa pratique est révélatrice de celle-ci, et c’est là que le mot « discipline » intervient. A pratiquer notre art, et surtout à le bien pratiquer (de tout son cœur, de toute son énergie), l’homme se transforme, c’est le miracle de la Voie du sabre.
Mon observation m’a révélé, que la notion de don n’avait que peut à voir avec les progrès effectués (je parle du caractère). Une nature peu sûre acquerra assurance et confiance, une nature brouillonne, mettra de l’ordre dans ses actions. Au delà de la performance sportive et des résultats dans les compétitions, voilà ce qu’une pratique saine peut apporter au moins doué d’entre nous.
Les progrès réalisés dans la « Voie » se refléteront dans notre comportement de chaque jour. Je cite un adage qui m’a été confié lors de l’un de mes séjours au Japon par un pratiquant 5ème dan, chez qui je logeais :
Bon cœur donne bon kendo / Bon kendo donne bon cœur
Plus un débutant a du chemin à parcourir, loin de me léser, plus je serais à même de lui apporter, et plus il me donnera en retour.
Cette citation est de moi, mais pour être honnête, je paraphrase quelque peu Saint-Exupéry qui écrivait : « Plus tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, plus tu m’apportes ». Je dois aimer mon partenaire, surtout s’il m’est inférieur, le tirer vers le haut, afin de l’amener aux multiples interrogations sur sa pratique, sur lui-même.