L’importance du Tenouchi
C’est feu maître Komorisono qui m’a rappelé l’extrême importance du tenouchi alors que je venais d’obtenir le titre de hanshi. Un jour il m’a fait venir à lui après l’entraînement et j’ai cru que c’était pour me féliciter. Mais c’était bien tout le contraire! “Tu as trop de main droite dans tes frappes, c’est la raison pour laquelle celles-ci sont courtes. Il n’y a aucune extension.” Maître Komorisono ne mâchait pas ces mots et je suis rentré chez moi très abattu ce soir-là. En effet, même après avoir reçu le titre de hanshi je n’étais toujours pas capable d’exécuter le kihon d’une manière correcte.
Je me souviens de mon passage de grade du 8ème dan. On avait dit aux candidats qu’il fallait trois ans pour avoir un bon tenouchi, j’étais donc très conscient du problème mais je pensais que je le maîtrisais déjà. En prenant du recul pour considérer calmement la situation, il m’est apparu que la chose la plus importante dans le kendo c’est le sens de l’humilité. Tous les conseils qui vous seront prodigués au regard des défauts de votre kendo doivent être reçus avec reconnaissance. Ensuite il faut y travailler.
Après avoir reçus les conseils de maître Komorisono, je me suis efforcé d’élaborer des méthodes d’entraînement dans le but de résoudre mon problème. “Eh! Tu y es preque; le problème vient du fait que quand tu baisses ton kensen, ta main droite se raidit.” J’interrogeai alors maître Nishi (9ème dan) à Osaka sur la relation entre la longueur de la tsuka et le tenouchi. Voici ce qu’il me répondit: “J’utilise un shinai doté d’une tsuka légèrement plus longue. Ainsi mon tenouchi a plus de ressort.” J’avais déjà entendu dire qu’une tsuka plus longue permettait d’avoir une garde plus stable, mais c’était bien la première fois que j’entendais dire que cela pouvait aussi affecter le tenouchi. C’était vraiment nouveau pour moi. J’émis donc l’hypothèse que ma garde deviendrait plus stable et plus souple grâce à mon tenouchi. A partir de ce moment, je me mis à ne plus penser à autre chose qu’au tenouchi et à la façon dont je pouvais faire de ma main gauche le véritable prolongement de mon tanden (abdomen).