Comment les cibles valables en kendo ont-elles été décidées?
Jadis, alors que les combats entre guerriers étaient mortels, ceux-ci protégeaient particulièrement les zones sensibles comme la tête et les bras. En kendo, on ne cherche pas à frapper ces zones de l’armure sans raison. Ce qu’il faut rechercher c’est la véritable coupe de ces parties vitales du corps, celle qui, en situation de combat réel, fait le plus de ravages. On peut donc dire que, d’une certaine manière, le bogu de kendo n’est pas tant là pour la frappe que pour la protection des zones visées. A l’origine, les kote étaient assez longs et couvraient une bonne partie de l’avant-bras. Puis, lorsque la compétition est devenue populaire, les fabricants ont commencé à raccourcir les kote pour finir par ne plus couvrir aujourd’hui que la zone visée. Je possède moi-même un bogu ayant appartenu à feu Monna Sei Sensei. Monna sensei n’était pas très grand, mais sa posture était fantastique. Il se trouve que Monna sensei, Naito Takaharu sensei et Takano Sasaburo sensei sont désignés comme étant les trois augures du kendō. Tous trois étaient des kenshi impressionnants, mais chacun avait du mal avec l’un des deux autres. Takana sensei parvenait souvent à surpasser Naito sensei, mais avait beaucoup de mal à supplanter Monna sensei. De même, Naito sensei était particulièrement efficace contre Monna sensei avec sa stature imposante et son kiai puissant, et Monna sensei faisait toujours passer un moment difficile à Takano sensei. Mais qu’importe, les kote de Monna sensei étaient très longs. Il aurait très bien pu les raccourcir afin de réduire la zone de frappe mais il ne le fit jamais. Mon père, Mochida Moriji, 10ème dan, avait aussi de longs bras, par conséquent ses kote étaient également plus grands. La longueur des kote dépendait de la taille des individus, mais je me demande si la longueur des kote n’a pas été normalisée par les fabricants de bogu actuels. Comme je le disais, le bogu était à l’origine conçu pour protéger les parties vitales du corps, le design a évolué pour devenir celui qui nous connaissons aujourd’hui. Les parties vitales du corps sont devenues les cibles du shiai moderne. En théorie, une personne de grande stature devrait utiliser des kote plus grands qu’une personne de taille moindre. Cependant, comme c’est désavantageux en shiai, les gens préfèrent raccourcir la taille de la zone cible, en utilisant des kote plus court même si cela signifie exposer une zone vitale. Jadis cela était inconcevable, car ce qui importait c’était l’entraînement lui-même et non le shiai.