Allégorie du combat de kiseme
Un célèbre maître forgeron a façonné le casque d’acier d’une armure. Un maître de sabre tente de le pourfendre avec un sabre qui a été forgé par un maître forgeron de premier ordre. L’adepte cherche une position pour cette épreuve et lorsqu’il brandit son sabre, le maître qui a forgé le casque dit : «Veuillez arrêter un instant.» Il modifie légèrement l’emplacement du casque. Alors l’adepte perçoit qu’il ne pourra pas pourfendre le casque à partir de sa place et demande à son tour : «Veuillez me permettre de changer de place.» Puis il reprend sa tentative à partir d’un angle différent. Le maître forgeron va alors modifier encore l’angle du casque. Ainsi, à chaque tentative de l’un, l’autre prévoyant les conséquences, est obligé de modifier son attitude. Ce combat finira donc sans que le sabre ne s’abatte sur le casque.
Si une attaque est la conséquence d’une volonté d’attaque, on se bat au niveau de la volonté avant que celle-ci ne prenne forme concrète. Dans un acte d’attaque, nous ne pouvons pas dégager une puissance suffisante sans y associer notre volonté ou notre ki. Si parfois l’effet se produit sans que nous le voulions réellement, ce sera un accident fortuit et tel n’est pas l’objectif. Lorsqu’il y a un désir ou une volonté, ceux-ci précèdent toujours l’acte qui les réalise. Le combat de kiseme se déroule à ce niveau, c’est-à-dire à l’étape qui précède la gestuelle. Outre la question de l’efficacité, le combat de ce niveau nous renvoie obligatoirement à une mise en cause de la perception ordinaire.
TOKITSU Kenji