Le Chemin vers la Lumière
Le Bouddha à qui l’on prête beaucoup, cheminait le long d’un étang, entouré de sa cohorte de disciples.
Cette cohorte d’élèves en recherche de sagesse, se nourrissait des propos subtils du Maître ; les questions fusaient à tous propos, souvent l’élève en sagesse ne recevait pour toute réponse qu’un long silence vite interprété. Tout était prétexte à « enseignement ».
Nos jeunes gens virent en surface de l’eau de magnifiques fleurs qui venaient s’épanouir à la lumière du soleil, mais en y regardant de plus près, on pouvait distinguer d’autres fleurs à peine épanouies qui étaient entre deux eaux, reliées par leurs longues tiges au fond de l’étang où elles avaient pris racine. La déduction fût vite tirée par nos moinillons, les fleurs ayant racine près des berges, là où l’étang était moins profond, n’avaient aucun mal à venir s’épanouir en surface, il en allait autrement pour les pauvres racines éloignées de la berge, situées en eau profonde, beaucoup d’entre elles ne verraient jamais un bel épanouissement en surface, pourtant que d’efforts, ces fleurs partaient de plus loin, quel handicap ! Cela on s’en doute fût matière à interrogations et à questions en direction de l’Eveillé.
Comment Bouddha expliquait-il cette profonde injustice ? Tous les regards se tournèrent vers le Maître. Le Bouddha prit une profonde inspiration, allongea ces deux mains à plat en direction de la surface de l’eau, posa son regard sur toutes ces fleurs, les épanouies comme celles qui ne verraient jamais le jour mais qui s’étaient engagées sur le chemin de la Lumière, et les baigna d’un magnifique sourire…
Voilà trois mille ans que les moinillons et leurs descendances s’interrogent.
Dans la Voie du Sabre, il est des pratiquants plus doués que d’autres, pour autant celui dont les racines sont enfouies plus avant dans l’étang doit-il abandonner ? Non bien sûr, Les êtres n’ont pas tous les mêmes dispositions, ce qui compte c’est l’engagement, la recherche sur le Chemin. Ce chemin parcouru n’est pas vain ; cela s’appelle la VOIE.
Toutes les tiges quel que soit l’endroit où elles prennent racine doivent se construire avec une pratique sincère, le rôle des plus doués et des enseignants étant d’avoir plus d’attention pour celui dont la fleur prend racine en eau profonde, apprécier et respecter un travail sincère, fait d’abnégation et se féliciter non du résultat, mais du chemin parcouru, tous doivent contribuer à l’épanouissement de ces fleurs défavorisées, la responsabilité du dojo est engagée.